Les arnaques par Internet !

Sur internet, les gens se font piéger comme nulle part ailleurs.

Tel ce Vésulien abusé par un faux mail estampillé de son opérateur de téléphonie : 5.000 € détournés en 24 heures.

Voilà qui ne l’étonna pas. Quelques jours avant, Yves venait de conclure avec son opérateur de téléphonie une modification de contrat afin de réaliser un transfert internet depuis sa résidence principale jusqu’à sa résidence secondaire, les deux se trouvant en Haute-Saône.

Par conséquent, lorsque lui parvient ce mail estampillé du rougeoyant SFR, rien de surprenant à ses yeux. Et surtout pas l’étonnante adresse de l’expéditeur (section-messagerie@antikamuzikevi.com) ou les fautes d’orthographe.

Non, selon la missive « une erreur s’est produite lors des prélèvements de la mensualité effectuée sur votre compte, ce dernier était doublement débité de la somme de 59,80 € ».

Et Yves ne voit que la somme de 29,90 € vouée à lui être rétrocédée, du montant de son abonnement mensuel.

L’écran suivant l’invite à livrer les coordonnées de sa carte bancaire.

Dans les heures qui suivent pleuvent les SMS en provenance de sa banque, laquelle lui demande de confirmer certaines surprenantes dépenses. Tels ces 2.800 € investis sur un site de jeux, 241,14 € partis sur un site touristique ou les 400 autres pour des billets SNCF.

Montant des achats en vingt-quatre heures : cinq mille euros.

Des intermédiaires, recrutés par petites annonces, qui servent à blanchir l’argent et brouiller les pistes

On appelle cela le « phishing », un anglicisme pour désigner la pêche au mot de passe (lire ci-contre). Pour Yves, ce fut SFR le cheval de Troie, c’est actuellement sous le sceau de la CAF qu’une nouvelle campagne de mails frauduleux s’observe.

Des campagnes lancées depuis l’étranger par des escrocs, utilisant bien souvent des intermédiaires en France, parfois recrutés par le biais d’annonces d’emploi.

« Cela semble des offres de jobs courantes », observe la commissaire Adeline Champagnat, « par lesquelles les commanditaires emploient des ’’mules’’ destinées à brouiller les pistes ».

Autant de personnes qui, souvent de bonne foi, contribuent « à blanchir l’argent », insiste l’adjointe au chef de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC).

En fin de chaîne, une dernière mule, parfaitement consciente de son rôle, qui retire l’argent avant de l’adresser à l’étranger via un mandat.

Les billets SNCF achetés à partir des coordonnées bancaires d’Yves ? « Probablement revendus à des prix bradés sur internet, rendant difficile de remonter au fraudeur », observe la n° 2 de l’OCLCTIC.

Des coordonnées qui peuvent également être revendues sur des sites de « carding » où les transactions sont spécialisées dans ce domaine ou servir à encoder une carte contrefaite dont la vocation serait de servir à l’étranger.

« En fait », reprend la commissaire Champagnat, « en dépit des campagnes de sensibilisation » auxquelles elle attribue la baisse de 8,5 % des escroqueries sur internet entre 2009 et 2010, « les gens continuent de se faire avoir, ils réagissent sur internet comme ils ne réagiraient pas dans la rue ».

Mués par la promesse d’un remboursement ou d’un versement quelconque. Ou tout simplement par une confondante naïveté.

Tel ce Haut-Saônois qui, croyant avoir trouvé un client au Bénin pour sa voiture à 30.000 € a versé 3.000 € à ce dernier, lequel prétendait avoir besoin de 10 % de la somme pour débloquer son prêt…